Article - La Main d’Oeuvre cède le pas à l’Esprit d’Oeuvre

Posté le 13/12/2017 dans geen categorie, Non classé @fr, Non classé @fr.

 L’Ascension de l’Homo sapiens !

 

Grâce aux machines l’homme se libère progressivement des tâches asservissantes. Parallèlement il aspire à plus. La société ne semble pas réaliser le défi qui s’impose à elle : comment promouvoir l’énorme potentiel de créativité, comment valoriser le gisement de nouveaux types de services, souvent plus immatériels, qui en découleront. Les crispations de ceux qui bloquent le progrès pour préserver leurs privilèges, retardent cette nécessaire révolution.

 

« Gauche ou droite croient lutter contre Daech, mais prennent partout les mêmes positions : Trump et Daech, même combat. Une trouille unique de l’avenir saisit une politique envahie par les vieux. Riche et gouvernant, Papa Ronchon devient dangereux.

Entrer dans la ronde. « Mieux après » produit des « c’était mieux avant » qui mettent en péril le « mieux après ». »[1]

 

« Les gens ont peur du changement parce qu’ils craignent l’inconnu. Or la seule grande constante de l’histoire est que tout change »[2]

 

Des Smartphones de plus en plus intelligents envahissent notre quotidien. Certains drogués de l’écran tardent de remarquer que nous sommes embarqués dans une totale refonte de notre rapport au monde. Nous sommes en mutation une fois encore.

 

Dans cet environnement contrasté les éléments s’agencent favorablement pour reconsidérer un des fondamentaux qui organise nos sociétés occidentales : le Travail.  Pour l’heure, nous avons tous une angoisse profonde qui nous taraude : « trouver un travail », « perdre son emploi ».

 

Depuis plus de trois décennies, sévit un chômage important. Il est structurel. Tous les Européens vivent dans la crainte du lendemain. Qu’importe le taux de croissance de nos économies, il demeure et demeurera tant que nous ne changerons pas de logique.

 

Dans les années 80, les sauts technologiques ont permis à l’Homme de briser les chaines millénaires qui le condamnaient à une forme d’esclavage, forcé qu’il était, de travailler à vil prix dans des conditions misérables pour le compte d’un petit nombre, irrespectueux des Talents de l’Homme et de ses capacités. Combien de « Mozart » sont « assassinés » chaque jour dans leur milieu de travail, parce que l’organisation de la Société ne leur a pas été favorable, et ne leur a pas permis de développer leurs talents ?

 

Par-delà les obstacles, l’Homme, par son génie inventif, a démultiplié et démultipliera ses capacités, à un rythme toujours plus accéléré, sous de multiples formes. L’intelligence artificielle devient maintenant « autoapprenante ».

 

Cette créativité sans limite s’est accélérée à la fin du XIXème siècle par la mécanisation de l’agriculture puis de l’industrie et, dernièrement, des services de quelque nature qu’ils soient. Toutes les tâches ancillaires et répétitives, matérielles et immatérielles, sont destinées à être exécutées par les machines. L’Homme s’est potentiellement libéré de son état de servage. Il est ce qu’il a toujours été : « Créativité » et « Intelligence ». L’Homme est « esprit d’œuvre ». Sa main est l’imprimante de son cerveau. Sa créativité est première.

 

Alors que cette révolution se déroule sous nos yeux, nous ne voulons pas voir et continuons d’agir selon la vision qui nous vient du fond des âges. Depuis qu’il s’est sédentarisé, l’homme est regardé et considéré comme de la main d’œuvre, à savoir : une réserve de force mécanique et physique utilisée pour réaliser, au coût le plus opportun pour les dominants, leurs œuvres de grandeur, les travaux d’infrastructures, les tâches quotidiennes élémentaires petites et grandes. Le citoyen romain était libre. Il était servi par une nuée d’esclave…. La Tsar a construit le transsibérien grâce au goulag ! Pour ce faire, le comportement de ceux qui dirigent, est organisé, encore aujourd’hui, pour conditionner et se garantir la docilité, l’obéissance du « Vulgum Pecus ». Ainsi les Princes, les responsables de tous bords, ont conçu le système administratif, le projet d’éducation, l’organisation générale de la vie en commun pour s’assurer cette domination des corps et des esprits.

 

Le travail accompli comme Main d’Oeuvre, sera de moins en moins accepté. Il est vidé de son sens, il ne produit ni l’épanouissement personnel, ni l’intégration sociale. Il n’est même plus le facteur déterminant de distribution de la richesse produite.

Le Président Emmanuel Macron, lors d’une interview télévisée face aux Français, évoquait la nécessité de modifier la loi sur le Travail, il déclarait : « … dans les cinq à dix ans qui viennent à cause de la transformation numérique…beaucoup d’emplois vont être détruit. Je ne vais pas proposer de protéger celles et ceux qui ont ces emplois contre ce changement… »[3]

 

Il est impérieux de donner au plus vite du sens, de revivifier le Travail, d’être crédible. On entend parler de la dématérialisation du Travail ! C’est vite dit, mais encore …..

 

En réalité, le contenu du travail regardé sous le prisme de l’Esprit d’Œuvre est riche, sans limite au regard de l’imagination, de la créativité qui le sous-tend. Dans ce contexte, il y a du travail pour tout le monde et pour tous les âges, à tout âge.

 

Faire droit à l’Esprit d’Œuvre est un prérequis pour reconnaître et intégrer la complexité inhérente et naturelle du monde. Entre autres :

 

  • Il deviendra opportun, à tout le moins, de se se poser la question du sens et du contenu, entre autres, administratif du travail dans un environnement devenu essentiellement numérique donc dématérialisé.
  • Notre société n’a pas conçu son organisation pour permettre à l’Esprit d’Œuvre de s’épanouir. Cette question n’est guère débattue dans les parlements.

 

Tout doit être imaginé :

  • Un projet d’éducation novateur doit être conçu et mis en place. Il nous faudra une audace semblable à nos aïeux, qui ont rendu l’enseignement obligatoire et se sont assurés que chacun apprenne lire, écrire, compter. Certaines expériences sont en cours, pour relever l’énorme défi de promouvoir la créativité. Le projet novateur consistera à catalyser ce type d’expériences.
  • L’organisation administrative hiérarchique (verticale) de la société n’est plus fonctionnel. L’organisation horizontale, circulaire adossée aux nouvelles technologies, tel le ressac de la mer, mange inexorablement les falaises de Douvres et de Calais et le front du littoral recule au profit de la mer.
  • Comment se présentera un système administratif demain alors qu’il aura intégré les réseaux neuronaux, le « Big Data », les développements des technologies entre autres « Blockchain » et toutes les autres révolutions numériques en gestation qui suivront et qui se conçoivent pour l’instant et demain ?
  • Notre démocratie avec son système parlementaire représentatif sera refondée !
  • ….

 

Par essence tout est complexe. La seule manière d’affronter la complexité est de s’appuyer sur les différences. Une administration manuelle de la société se doit de simplifier, d’ignorer la complexité (le Centralisme jacobin). L’Esprit d’Œuvre accueille la complexité d’autant qu’il est conçu pour la traiter.

 

Dans la même logique l’organisation « plane » et non « plate » devient le modèle. La hiérarchie se doit d’articuler en même temps une capacité d’autorité et de légitimité. Pour convaincre, les nouveaux leaders déploient de la créativité et une pédagogie de la communication bien adaptée, de façon à entraîner la Génération Y. En effet cette génération Y n’a plus de respect pour l’autorité hiérarchique, à l’ancienne, nommée par le haut qui use et abuse de son « autorité », sans avoir démontré sa légitimité. La génération Y tire sa révérence et les anciens disent : « Ils sont instables ! ». Fausse explication ! Ils sont piètres chef ! Leur pédagogie de la communication est inexistante.

 

De plus le travail en tant qu’Esprit d’Œuvre nous invite à adopter l’analyse conjonctive. Le « ET » supplante le « OU » et le « MAIS » de l’analyse disjonctive, creuset ancestral de notre éducation, jamais remise en cause.

 

Pour tailler ce costume, l’implanter dans l’organisation à tous les étages, il est nécessaire de travailler les esprits. Ce n’est pas une sinécure. Cela demande du temps et de la patience, au moins trois générations. C’est un long chemin. Les nouvelles technologies poussent l’ancien monde vers la sortie, inéluctablement, rapidement. Mais, il n’y a, pour l’instant, pas de relais sociétal (re)connu par le grand public, apte à mener cette mutation.

 

La transition d’un modèle vers l’autre est une gageure. Comment montrer à l’autre qu’il peut, qu’il sait, qu’il est créatif que sa capacité est reconnue et valorisée sans manipulations aucunes. Chat échaudé craint l’eau froide.

 

Le contenu du Travail vu comme « ESPRIT D’ŒUVRE » est à promouvoir maintenant. C’est un vecteur d’espérance.

 

De l’audace !

 

Jean-Pierre de Jamblinne de Meux.

Bruxelles, le 8 décembre 2017

[1] Michel Serres : « C’était mieux avant ! », p 94

[2] Yuval Noah Harari, « Homo deus » p. 83

[3] Le 15 octobre dernier sur TF1: https://www.lci.fr/politique/replay-emmanuel-macron-sur-tf1-et-lci-grand-entretien-revoyez-l-integrale-du-15-octobre-2017-2067459.html    – (29’:17’’ à 29’:59’’).

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